FRJ Opalo Partie - Chapitre 02 : le récit de Patrick lecampeur

C'était, je me souviens, un samedi soir. La journée s'annonçait chaude et le ciel était dégagé. J'avais travaillé dur toute la journée pour récolter cette satanée sueur. Plusieurs fois les Ambulimax m'avais marché sur les pieds, occasionnant des blessures graves sur mes ongles incarnés.

Aussi, en entendant le cri de ralliement de mes confrères, m'enjoignant à les rejoindre dans ce lointain pays où l'on accède uniquement par force de volonté et de persévérance, je n'hésitais pas : je fonçais tête baissé avec le sourire vers notre lieu de rendez-vous. Dans ma tête résonnait des chants de victoire et des promesses de fastueuses récompenses, l'espoir de pouvoir changer de métier quelques jours et de partir chasser, ou miner, ou n'importe quoi d'autre plutôt que de continuer à sentir l’odeur rance de transpiration malodorante de ces mastodontes sans âge.

Enfin, après un cours voyage par l'intermédiaire d'un Téléporteur isolé que j'avais découvert précédemment, me voici arrivé près de Jurra. Je m'aperçois de suite que ce Téléporteur était finalement connu de beaucoup et que je n'avais donc pas accompli un fait exceptionnel en le découvrant. J'étais un peu attristé mais il m'en fallait bien plus pour me décourager.

Nous attendîmes quelques temps que tous furent arrivés avant d'entonner notre litanie traditionnelle, louant notre dieu Lootius. Nous nous mîmes ensuite en file indienne pour recevoir notre dotation de munition afin d'être équipés pour la chasse. Beaucoup d'entre nous n'avait pas l'expérience des anciens et ne connaissaient pas les dangers qui nous attendaient. Aussi nous étions tous confiants et nous nous réjouîmes du départ imminent dans une parfaite insouciance.

Une bouteille de champagne fût débouchée afin d'encourager tous les participants. Puis nous avons pris la route. C'est à ce moment je crois que notre sage Solje a envoyé son feu d'artifice, son dernier a-t-il dit : c'était très certainement afin que ceux qui ne reviendraient pas emporte avec eux un souvenir inoubliable de ce que peut être la beauté de notre monde.

Nous marchâmes beaucoup, vraiment beaucoup, nous chassions les Ambulimax à coups de tirs rapides et précis. J'arrivais ainsi a assouvir ma vengeance sur ces animaux qui m'avaient broyé les orteils. J'avais mal au pied mais peu m'importait, j'avançais avec mes camarade.

Au bout de quelques temps nous avons commencé à croiser des animaux bizarre et belliqueux. Après avoir interrogé mes compagnons, j'appris que c'était des Atrox : « ils ont une bonne vue et attaquent souvent en groupe », m'a dit un ancien. Quoi qu'il en soit, nous leur avons réglé leur compte.

Nous poursuivions notre marche et nous continuions notre avancée, ramassant tout ce qui pouvait servir ou être vendable, chassant tout ce qui croisait notre route. Nous avancions mais nous ne récoltions que de faibles ressources. Nous avons quelques fois eu de la chance sur quelques animaux particulièrement bien gras mais ce n'était pas suffisant.

J'avais pour ma part déjà utilisé les deux tiers de mes munitions quand le désastre se produisit. Une chute terrible envoya quelques-uns d’entre nous directement dans le repaire d'une horde sauvage d'Atrox. Sans hésiter une seconde, enfin presque sans hésiter, nous avons décidé de faire front commun et nous les avons rejoints pour se battre côte à côte. Ce fut un combat terrible. Heureusement nous avions un ancien aguerri, rompu aux techniques militaires pour attirer l'attention de la plupart de ces monstres pendant que nous nous occupions des autres. C'est là que nous connûmes nos premières pertes. Nos chasseurs ont combattu vaillamment, mais la lutte était inégale : nous étions surpassés par le nombre et nous n'étions pas suffisamment entrainés. Déjà la fin nous guettait.

Mais nous n'étions pas prêt à nous laisser dévorer sans nous battre. Nous mîmes à profit les conseils des anciens : nous concentrâmes notre feu sur le même animal de manière à l'achever au plus vite avant de passer au suivant. Pendant ce temps, un véhicule faisait des allez-retours pour nous ramener le peu de renfort dont nous pouvions disposer. Cette tactique fut bénéfique et nous avons fini par venir à bout de nos assaillants.

Nous avons donc triomphé ainsi. Il était temps car beaucoup avaient épuisé toutes leurs munitions.

La nuit commençait à tomber, les étoiles brillaient et le ciel était limpide : demain il fera beau.

Ce n'est pas cette soirée où le dieu Lootius m'aura permis de changer de métier ! Il nous a tout juste donné de quoi subvenir à nos besoins. Il nous faudra essayer une nouvelle fois et espérer que ce sera la bonne. En attendant, nous sommes retourné au Téléporteur. Ceux auxquels il restait des munitions les ont rendus, ainsi la prochaine expédition sera possible.

Et moi me direz-vous ? Et bien le lendemain je retournais travailler, je continuais à récolter de la sueur en me faisant marcher sur les pieds, mes ongles incarnés continuaient de me faire souffrir.

Je n'ai toujours pas retrouvé mon Benco qu'un Ambulimax m'a volé il y a déjà un moment. C'était la dernière boite qu'il restait sur cette planète. Mais un jour je la retrouverai, un jour... Chaque chasse à laquelle je participe me donne une chance de plus de la retrouver.